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Inter­ven­tion le 22 mai à Paris (voir pro­gramme)

Le taux des accouche­ments déclenchés arti­fi­cielle­ment a dou­blé entre 1981 et 2003. Il atteint actuelle­ment 20 %, soit 160 000 nais­sances par an. La grande majorité de ces déclenche­ments n’est pas jus­ti­fiée par une patholo­gie dan­gereuse pour la mère ou l’enfant. Par­mi les drogues util­isées pour forcer les corps à accouch­er-naître, un nou­veau venu, le miso­pros­tol, a le vent en poupe. Le miso­pros­tol est une prostaglan­dine syn­thé­tique de type E1. Elle est util­isée en France pour les IVG, les IMG et le déclenche­ment des accouche­ments à terme, que le col soit favor­able ou non. Elle est plus con­nue sous le nom de Cytotec™, un médica­ment des­tiné à traiter les ulcères.

Le miso­pros­tol n’a pas d’autorisation de mise sur le marché pour les IMG, ni pour le déclenche­ment à terme. Bref, l’utilisation du mis­popros­tol en obstétrique est illé­gale. Et pour­tant… Au moins 16% des prati­ciens français l’utilisent. Un débat pour ou con­tre son util­i­sa­tion vient même de paraître dans le jour­nal Gyné­colo­gie Obstétrique & Fer­til­ité (2006, numéro 34, p.154–165) dans lequel on apprend que le CHU de Stras­bourg fab­rique ses pro­pres gélules à par­tir de cytotec. La France est un état de droit, mais les usagers sont des cons, et les médecins sont au-dessus des lois, bien entendu.

Depuis 1995, quelques dizaines d’articles de revue sur le déclenche­ment de l’accouchement avec du miso­pros­tol ont paru, syn­thès­es de plus de 200 essais clin­iques inter­na­tionaux divers et var­iés. Les usagers qui sup­poseraient que les pre­miers essais ont d’abord été réal­isés sur des ani­maux, et que des principes de pré­cau­tion rigoureux quant aux dosages ont été appliqués, seraient d’une naïveté désar­mante. Les pre­miers essais ont été réal­isés sur des cobayes humains, avec… les com­primés de cytotec com­mer­cial­isés, tout bête­ment, soit au moins qua­tre à huit fois la dose con­sid­érée comme peu dan­gereuse à l’heure actuelle, dose la plus faible util­isée dans tous les essais ! Le plus grand dan­ger du cytotec est l’hyperstimulation utérine — grande souf­france pour la mère et l’enfant. Cer­tains ont même ten­té le cytotec sur des femmes ayant un utérus cica­triciel … dont le prin­ci­pal résul­tat est la pub­li­ca­tion de rap­ports de rup­tures utérines.

Tout ce gâchis pour quoi ? Pour rien. Le miso­pros­tol est une drogue effi­cace, certes, mais pas plus que ce qui existe actuelle­ment si util­isée à des dos­es raisonnables, et surtout, poten­tielle­ment plus dan­gereuse. Ce n’est pas d’une autre drogue dont les familles ont besoin, mais qu’on les laisse accouch­er-naître en paix, en temps et en heure, quand les corps et les esprits sont prêts, sans déclencher à tour de bras.

Un cheval embal­lé à tête de taupe pour­suit sa course aveu­gle en fou­et­tant l’air de sa queue de drag­on. La chimère du miso­pros­tol abri­tait un fan­tasme, la promesse d’un monde meilleur, dans lequel tous les accouche­ments seraient pro­gram­més et dur­eraient au max­i­mum 8 heures top chrono. C’est à nous, par­ents, de ren­dre sa tête et sa queue à ce cheval fou. C’est à nous de dire « non » à ceux des obstétriciens qui ont per­du le sens de la vie.

Cécile Loup

—> Bib­li­ogra­phie sur le misoprostol

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