La « temporalisation » de la naissance débute à l’annonce de la grossesse, avec le calcul du « terme » et la mise en route d’un programme de surveillance : visites, dépistages, échographies. Puis le déclenchement artificiel, pour 20 % des femmes en France… Le plus souvent sans indication médicale ni information sur les risques, parfois même à l’insu de la femme enceinte (décollement des membranes) et, pour 16 % des praticiens, au moyen d’un médicament interdit à cet usage sur le marché français : le misoprostol.
L’accouchement, depuis la mise en place des protocoles de « gestion active », a vu sa moyenne de durée divisée par 2 pour des raisons qui tiennent plus à l’organisation des services de maternité qu’à la sécurité et au bien-être des femmes et des bébés.
Enfin, l’accueil du nouveau-né est souvent perturbé par des protocoles médicaux qui mettent en péril l’établissement d’un sentiment de sécurité chez le bébé, les liens affectifs avec ses parents et l’allaitement au sein. En France, 10 % de mères sont diagnostiquées en dépression postnatale, alors que bien plus encore sont en difficulté et n’osent pas l’exprimer.
Cette omniprésence de la médicalisation est remise en cause par de nombreuses études scientifiques visant à évaluer les risques et bénéfices des interventions et protocoles de suivi médical. Ainsi, la Haute Autorité de Santé a mis en chantier des études sur les pratiques du déclenchement et de l’expression abdominale.
Pour les professionnels de santé respectueux de la physiologie, le facteur « temps » ne se décline plus exclusivement en termes d’urgence et de rentabilité. Les récentes découvertes sur le rôle des hormones naturelles (ocytocine, adrénaline, vasopressine…) et sur le psychisme du fœtus et du nouveau-né démontrent l’intérêt de (se) donner le temps d’accoucher et de « naître »…
L’exposé sera suivi d’un débat avec le public : parents, militants associatifs et professionnels de la périnatalité.
Bernard Bel
Ingénieur de recherche au CNRS, docteur en sciences
Membre fondateur de l’AFAR
Porte-parole du CIANE
[Retour sur programme en France et Belgique francophone]