La médecine occupe le terrain de la naissance, toujours prête à sauver des vies quel que soit le prix à payer pour celles qui ne sont pas en danger. Pour cela, elle focalise son attention sur la biomécanique de la parturition et les « soins » au nouveau-né. Une fois garantie la survie des corps de la mère et de l’enfant, elle s’intéresse — trop tard — à celle des âmes, confiant la réparation à la psychologie ou la psychiatrie.
Pour les soignants de la périnatalité, la naissance psychique est un « continent noir » (Véronique Boureau-Louvet) : la « venue au monde » de l’enfant, et celles d’un homme et d’une femme en tant que père et mère. Les étapes subtiles de ce processus sont longtemps restées méconnues, voire niées, au profit de méthodes d’accouchement et de recettes de maternage — officielles ou « alternatives ».
Un renversement de perspective est donc nécessaire, mais pour des raisons qui ne tiennent qu’au détournement de la naissance par un interventionnisme médical omniprésent : cette obstétrique qui (au sens littéral) se tient devant, « … s’interpose et masque la naissance sous le phénomène manifeste de l’accouchement ». Je propose ici de témoigner (par l’image) de ce qu’il en est lorsque des parents informés, attentifs et responsables parviennent à éviter toute interposition, physique ou psychique, dans leur expérience sensible de l’enfantement.
Bernard Bel
Secrétaire de l’AFAR
Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE)
Webmestre du portail « Naissance »
Ingénieur de recherche au CNRS
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