Cette synthèse a été réalisée en juin 2012 pour le Ciane et l’AFAR
Embolie amniotique
Résumé des études publiées dans des revues à comité de lecture de 2008 à 2011.
L’embolie amniotique est une complication rare mais grave de la grossesse qui se manifeste lorsque du liquide amniotique pénètre dans le réseau sanguin maternel. Selon les études, le taux d’incidence se situe entre 1/20000 [1 , 2] et 2/100000 [2,3] grossesses dans les pays industrialisés et constitue une des premières causes de décès maternel. Le taux de mortalité maternelle associé, qui dépend de la rapidité de diagnostic et de prise en charge, varie de 10% à plus de 40% [2,4,5]. Le taux de mortalité périnatale varie de 10% [3] à plus de 30% [6].
En France, l’embolie amniotique est la deuxième cause de décès maternel après l’hémorragie du post-partum, 12% des décès lui sont imputés [7].
Des études rétrospectives menées en Australie [8], au Canada [9] et aux Etats-Unis [10] entre 1999 et 2006 ont mis en évidence une augmentation du facteur de risque en cas d’âge maternel supérieur à 35 ans (OR=2,2), de placenta praevia (OR=30,4), de césarienne (OR=5,7), de prééclampsie, d’utilisation de forceps ou de grossesses dites « à risques » [9]. 16 décès ont également été reportés et décrits entre 1989 et 2006 en Italie [4] et au Japon [11]. 2 accouchements seulement étaient considérés normaux, les 14 autres ont été accélérés, déclenchés, ont nécessité l’emploi de forceps ou la pratique d’une césarienne.
Des études plus récentes réalisées au Royaume-Uni (2005–2009) [3] et en Australie(2001 – 2007) [6] ont mis en évidence une augmentation des risques liée au déclenchement de l’accouchement (OR=3,86 [4] et 2 [6]), à la pratique de la césarienne (OR=9,84 [3] et 48,5[6]), à la multiplicité de la grossesse(OR=10,9 [3]), et à l’âge maternel supérieur à 35 ans (OR=1,54 [3] et 4,8 [6]), avec une prédominance chez les minorités ethniques (OR=9,85[3]), probablement due à un déficit d’accès aux soins dans ce dernier cas. Enfin, l’utilisation de forceps et la révision utérine semblent également être des facteurs de risque supplémentaire ( OR=40,6 et 19,4, respectivement[6]).
Si l’embolie amniotique est une situation critique dans laquelle le pronostic vital est systématiquement engagé sa probabilité d’occurrence lors d’un accouchement se déroulant normalement reste négligeable, la quasi-totalité des facteurs de risques étant exclue des conditions d’accouchement physiologique. Certaines interventions médicales telles que le déclenchement ou la césarienne semblent augmenter le risque d’occurrence.
[1] J. Williams et al., Best Practice & Research Clinical Obstetrics and Gynaecology, 2008, 22, pp. 825–846
[2] A. Conde-Aguledo et al., American Journal of Obstetrics & Gynecology, 2009, 201, pp. 445.e1-445.e13.
[3] M. Knight et al., Obstetrics and Gynecology, 2010, 115, pp. 910–917
[4] E. Turilazzi et al., Acta Obstetricia et Gynecologica. 2009, 88 pp. 839–841
[5] Gist et al., Anastesia and Analgesia, 2009, pp. 1599–1602
[6] C. L. Roberts et al., British Journal of Obstetrics and Gynecology, 2010, 117, pp. 1417–1421
[7] M.-H. Bouvier-Colle et al. , Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction, 2011, 40, pp. 87–102
[8] S. Kildea et al., Australian and New Zealand Journal of Obstetrics and Gynaecology, 2008, 48, pp.130–136
[9] H. A. Abenhaim et al., American Journal of Obstetrics & Gynecology, 2008, 199, pp. 49.e1-49.e8.
[10] S. L. Clark et, al., American Journal of Obstetrics & Gynecology, 2008, 199, pp. 36.e1-36.e5.
[11] Y. Matsuda et al., The journal of International Medical Research, 2009, 37, pp. 1515–1521