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Cet article a été publié dans Parents No.428. Vos commentaires sont
bienvenus.Périnée : halte aux mauvaises habitudes
Adeline Laffitte
Avec : les Professeurs Thierry Lebret, urologue, et Jean-Claude Colau,
gynécologue-obstétricien à l’hôpital Foch (Suresnes) et François Haab,
urologue à l’hôpital Tenon (Paris).Parents No.428, octobre 2004, p.136–138
Le premier ennemi de notre périnée, c’est notre ignorance. Souvent, on en
entend parler pour la première fois au cours de la grossesse, voire après
l’accouchement, lorsqu’il faut le “rééduquer”. Or tous les spécialistes
le disent: il faut s’en occuper bien avant.Une femme sur deux ne sait pas bien localiser son périnée, s’inquiète le
Pr François Haab, urologue. « En cours d’examen, renchérit le Pr Jean-
Claude Colau, gynécologue-obstétricien, si on demande aux patientes de le
contracter, certaines non seulement n’y arrivent pas, mais font le
contraire: elles poussent. »Et vous? Que savez-vous réellement de ce muscle bien caché? Le périnée
est un “hamac” musculaire qui s’accroche en de multiples points du
bassin: au pubis, sur le devant, et au niveau des vertèbres sacrées, à
l’arrière. C’est sur lui que reposent les organes et les viscères. Mais
entre les lattes de ce plancher musculaire se glissent trois “conduits”:
l’urètre, le vagin et l’anus. Les muscles périnéaux qui verrouillent
l’anus et l’urètre sont appelés sphincters. Ils permettent, lorsque tout
va bien, de garder le contenu du rectum et de la vessie. Mais si le
périnée faiblit, on peut souffrir d’incontinences urinaires lorsqu’on
fait un petit effort (20% des femmes touchées ont moins de 30 ans), ou
même d’émissions de gaz incontrôlées, et un peu plus tard, de prolapsus
(ou descente d’organes). Or, avant même d’être enceinte, une prévention
est tout à fait possible. Elle commence, au quotidien, par abandonner
tout ce qui va à l’encontre du bien-être périnéal.RÉAPPRENDRE LA “BONNE” MICTION
Depuis qu’on est toute petite, on fait vite et mal, sans le savoir. On
nous apprend à nous retenir ou à prendre nos précautions. « Les toilettes
des écoles, remarque le Pr Thierry Lebret, sont souvent peu
accueillantes, les enfants ressentent une insécurité. Les copines sont
obligées de “se tenir la porte”, c’est honteux », s’insurge ce
spécialiste. Puis, en grandissant, les situations où il faut faire vite
se multiplient. Qui n’a pas un jour tiré la chasse d’eau avant même
d’avoir fini d’uriner, simplement pour masquer un bruit pourtant bien naturel?Or il est important de respecter son rythme. Autrement dit, de ne pas se
retenir ou d’anticiper pour prendre ses précautions. « L’éducation
mictionnelle, qui devrait être naturelle, ne l’est pas, explique le Pr
Colau. On frustre les gens en les empêchant d’uriner au moment où ils en
ont besoin. Et par excès d’hygiène, les femmes se retiennent d’aller dans
les toilettes publiques. Mais, ce faisant, elles contrarient leur vessie.
» Résultat: peu à peu, cette dernière ne se vide plus correctement et
les germes présents dans la région peuvent proliférer et entraîner une
infection urinaire. Certes, on peut en venir à bout avec des
antibiotiques. Mais la récidive est probable, puisque tout le système est
déréglé.« Il faut réapprendre à bien faire pipi, précise de son côté le Pr
Thierry Lebret. C’est indispensable pour protéger l’ensemble périnéal, et
notamment le sphincter qui verrouille l’appareil urinaire. » Pour cela,
il faut prendre son temps, être bien détendue: uriner en position assise,
calée sur la lunette, les genoux bien écartés et non entravés par un
vêtement (la culotte aux chevilles!). « Une miction normale s’initie par
de très légères poussées involontaires, poursuit le Pr Lebret. Mais c’est
la relaxation des muscles du périnée qui provoque l’ouverture du
sphincter. Si on pousse pour aller plus vite, on force sur tout le
plancher- la partie antérieure (la vessie), celle du milieu (l’utérus) et
de l’arrière (anus) — et on dégrade le périnée, explique ce spécialiste.
Au bruit du jet, confie-t-il, on sait si une femme pousse ou pas.La constipation est également une cause d’effort chronique qui sollicite
le périnée. Il faut alors produire d’énormes efforts de poussée qui sont
franchement déconseillés. Dans ce cas, privilégiez une alimentation riche
en fibres alimentaires, présentes dans les fruits et légumes, et buvez
beaucoup d’eau. Mais la constipation peut aussi se traduire par un
problème de sphincter qui se verrouille trop et ne se relâche pas.Du SPORT, OUI, MAIS PAS N’IMPORTE COMMENT
Outre les mauvaises habitudes aux toilettes, le sport peut aussi causer
des dégâts côté périnée. Ainsi, 10 à 40% des sportives de haut niveau
souffrent d’incontinence urinaire d’effort, notamment celles qui
pratiquent le volley, le tennis et les arts martiaux. Pire encore: 70%
des jeunes championnes de trampoline sont concernées.En effet,« dès qu’il n’est pas pratiqué en apesanteur, explique le Pr
Haab, le sport sollicite le périnée, crée une hyperpression intra-
abdominale et peut aussi altérer les ligaments de soutien. » « Cette
pression intra-abdominale atteint 10 à 20 fois celle que le sphincter
peut supporter », complète le Pr Lebret. Que les paresseuses ne se
réjouissent toutefois pas trop vite! L’activité physique reste
recommandée si l’on respecte un équilibre entre poussée abdominale et
muscles du périnée. Certaines activités plutôt douces, comme la natation,
le vélo, le ski ou le patinage sont bénéfiques. En revanche, mieux vaut
être surveillée si l’on pratique à trop haute dose, l’athlétisme, la
gymnastique, le basket, le volley, le handball, les sports de combat et
le body-building. Alors, abdos ou périnée, faut-il choisir? Non, il faut
simplement privilégier les bons exercices. Pédalages, ciseaux ou même
relevés de buste qui gonflent les abdos, sont mauvais. Mieux vaut
privilégier les exercices où l’on creuse le ventre, en expirant et en
contractant son périnée. Lors de la visite médicale préalable à toute
activité sportive, informez le médecin d’éventuelles fuites urinaires. Il
vous faudra apprendre à “verrouiller” votre périnée. Cela devrait
commencer dès l’enfance.ATTENTION AU TABAC
Le tabagisme peut aussi entraîner des dégâts sur le périnée. Les efforts
de toux qui en résultent sont violents et fréquents, explique le Pr Haab.
Et, à chaque fois, la pression est de 50% plus importante que chez une
personne qui ne fume pas. Par ailleurs, le tabac interfère avec la
synthèse de collagène, l’un des constituants de la peau mais aussi du périnée.Cette altération est pourtant réversible, rassure le Pr Haab, puisque le
sevrage montre des courbes de risques d’incontinence qui baissent. En
outre, le tabac agirait par son effet anti-oestrogène, comme à la ménopause…Au quotidien, il est également important de ne pas porter de charges trop
lourdes ou même, de façon plus inattendue, de chausser tous les jours des
talons hauts qui déséquilibrent la statique pelvienne en modifiant le
rapport de forces entre les muscles dorsaux et abdominaux, En revanche,
sachez qu’une vie sexuelle épanouie est excellente pour le périnée,
puisque c’est lui qui se contracte au moment de l’orgasme. Ouf !Adeline Laffitte
—
Encadrés :
Se préserver pendant neuf mois
+ La grossesse, mais surtout l’accouchement, sont deux événements qui
fragilisent Ie périnée. Le surplus de poids, l’utérus et le bébé, tout
cela pèse davantage sur le périnée. Il eat bien sûr difficile de faire
autrement. Simplement, veillez à ne pas prendre trop de poids.+ Au moment de la naissance, la distension du périnée est telle que,
parfois, la tonicité antérieure est difficile à retrouver. Pour préserver
votre muscle, ii faut vider la vessie en cours d’accouchement. Soit en
allant aux toilettes, soit en étant sondée. Puis, lors de l’expulsion,
mieux vaut pousser doucement en soufflant lentement, que bloquer et pousser.+ Enfin, une rééducation périnéale est souvent prescrite par votre
gynécologue après l’accouchement. Elle doit être entreprise avant toute
rééducation abdominale.Trois façons de prendre conscience de son périnée
+ Pour une première fois, il peut être utile de partir à la découverte de
ce muscle avec l’aide de son médecin. Devant lui (ou elle), en position
gynécologique, il suffira de serrer l’anus. Attention à ne pas mobiliser
au même moment les muscles fessiers, qui n’ont rien avoir avec le périnée.+ Pour s’exercer, on peut essayer le “stop pipi” qui consiste à arrêter
le jet d’urine vers la fin de le miction lorsque le vessie est vide. La
zone qui se contracte è ce moment-là, c’est justement le périnée Mais le
“stop pipi” n’est toutefois pas un exercice de rééducation. Il peut
permettre de localiser le bon muscle mais, è la longue, Il entraîne un
défaut de synchronisation de la vessie et du sphincter lors de la miction.+ Vous pouvez également vous installer au sol, face à un miroir. En
contractant le périnée, vous voyez très nettement que toute la zone
génitale est comme “aspirée” à l’intérieur du corps.
Réactions à titre personnel sur liste Re-Co-Naissance
B. Poitel
http://fr.groups.yahoo.com/group/Re-Co-Naissances/message/1827
L’article me semble assez documenté est intéressant, mais … vraiment incomplet
… comme si on parlait des problèmes de cancer du poumon … en omettant de
parler de l’influence délétère et avérée de la cigarette, ou des morts sur la
route en oubliant le facteur alcool.
Quelques “omissions” remarquables .…
. La position en décubitus dorsal …
Dans “La physiologie du réflexe expulsif” (les Dossiers de l’Obstétrique, n°325
/ 03/2004), le Docteur Bernadette de Gasquet démontre bien en quoi la position
“décubitus dorsal” est NOCIVE, et est RESPONSABLE de nombreux dégâts périnéaux
imputés à tort à l’accouchement par voie basse … La femme est FAITE pour
accoucher par voie basse, et pourtant aujourd’hui en France de nombreux médecins
spécialistés (proctologie, périnéalogie, urologie) en viennent à demander que
des césariennes soient pratiquées plus souvent pour épargner les périnées. Mais
personne ne remet en cause la position décubitus dorsal POURTANT RESPONSABLE de
ces dégâts très fréquents.
Dans le remarquable “A Guide to Effective Care in Pregnancy and Childbirth”,
malheureusement non traduit a ce jour, et disponible gratuitement en ligne sur
http://www.maternitywise.org/guide/ les répercussions négatives sur le travail,
la femme et le foetus de la position en décubitus dorsal sont expliquées et
détaillées, appuyées de références d’études.
Concernant la position de la femme durant la seconde phase du travail,
l’expulsion, voir plus précisemment sur :
http://www.maternitywise.org/pdfs/gecpc3ch32.pdf
Le Dr C.Lucas et le Professeur Claude Racinet, dans un article “Positions
maternelles pour l’accouchement” (publié dans “1998. MISES A JOUR EN GYNÉCOLOGIE
OBSTÉTRIQUE. TOME XXII”, résumé sur :
http://www.cngof.asso.fr/D_PAGES/PUMA_98.HTM) signale qu’une analyse récente et
“complète” (je mets des guillemets parce que très hétérogène) met en relief que
la position verticale est associée a une moins grande fréquence des déchirures
périnéales du 3ème degré et une moins grande fréquence des extractions par
forceps … donc à un périnée en meilleur état (sans tenir compte apparemment
des dommages intrinsèquement causés sur le long terme par la position en
décutibus dorsal tels que signalés par le Dr.B. de Gasquet ci dessus citée).
. L’_expression abdominale …
L’Association Française d’Urologie considère l’accouchement par voie basse comme
le plus grand pourvoyeur d’incontinences. Il est précisé que “… les forceps ou
l’_expression abdominale (“ un geste que l’on devrait proscrire ”) peuvent
provoquer des dégâts périnéaux importants.”
(http://www.shf-france.org/iblog/B1888685137/C972079501/E492521768/ [lien non valide/2012])… or il
apparait, selon une enquête récente
(http://www.institutdesmamans.com/Online/resumPratiquesObst.pdf), que
pratiquement une femme sur deux subit l’_expression abdominale !
. Les forceps :
L’utilisation de forceps lors de la délivrance est associée à un risque élevé
d’altération du plancher périnéal et de son innervation (donc une dégradation
logique de la continence urinaire et fécale). (SNOOKS SJ, SETCHELL M, SWASH M,
HENRY MM. Injury to innervation of pelvic floor sphincter musculature in
childbirth. Lancet. 1984, 2, 546–50. et SULTAN AH, KAMM MA, HUDSON CN ET AL.
Anal sphincter damage occurs in 80% of forceps, but only 24% of vacuum
deliveries ; a major determinant for the development of faecal incontinence.
(Abstract).Br Soc Gastroenterol. 1992 ; S47-T159.)
B. Poitel (suite)
En complément du précédent papier .…
ce qui abime aussi le périnée, ce sont les épisiotomies, les
surdéchirures graves sur épisiotomies et les déchirures graves avec
atteinte ou non des muqueuses et du sphincter anal, et les problèmes
qui en découlent … les différentes techniques de suture — sur
épisiotomies ou déchirures — utilisées sont très importantes pour
l’avenir du périnée … et pour le ressenti de la femme durant la
période de cicatrisation :
— une “mauvaise” suture — trop serrée, asymétrique, avec un “point de
plus” ou des points qui lachent, une suture à “un fil” — au lieu
d’une suture “un point un noeud,
— une infection avec ou sans abcès “invisible” enkystés dans les
tissus,
— des oedèmes,
— une cicatrisation avec soudure des plans de tissus, retractations
musculaire “en boule” ou nerveuse,
— la coupure nette lors d’une épisiotomie de nerfs, notamment du nerf
responsable de la continence urinaire …
sont des atteintes qui ne sont pas exceptionnelles, et qui peuvent
mettre en jeu la fonction périnéale : continence urinaire et fécale,
et soutien des viscères.
voir sur : http://www.fraternet.org/afar/episiotomie-detail.htm
qui est une véritable ressource documentaire sur le sujet.
Blandine Poitel, maman de trois enfants, auteure, membre du conseil
d’administration de l’AFAR, co fondatrice du CIANE, membre du comité de
rédaction des Dossiers de l’Obstétrique, France.
B. Bel
http://fr.groups.yahoo.com/group/Re-Co-Naissances/message/1829